"Le pain amer de l'exil". L'émigration des Allemands révolutionnaires (1848-1850) vers les Etats-Unis

Vor 1848 sind soziale Ungleichheit und religiöse Verfolgung oft Gründe, von Deutsch­land und Frankreich aus den Atlantik zu überqueren. Bauern, Tagelöhner, Arbeiter flüchten vor der ländlichen und städtischen Armut in die Emigration. Die Vereinigten Staaten sind ein ideales Exil für Personen, derer bestimmte Regierungen sich entledigen wollen, wie etwa den Wirtschaftswissenschaftler Friedrich List. Rasch entstehen Chöre, Musik- und Gymnastikvereine und werden zu Vektoren politischen Ausdrucks. 1848 zeigen die USA als Einzige Sympathie für die Revolutionen in Europa. Das Gepäck der politischen Verbannten (der Hochdeutschen) ist voll europäischer Werte und Ideale. 1860 sind 5 Millionen Deutsche in den USA: Ärzte, Juristen, Pfarrer, Professoren. Ge­schäftssinn zeigen sie nur aus der Notwendigkeit heraus, einen schwierigen Alltag zu überleben. Sie warten nur auf Eines: ihren eigentlichen Kampf in Europa wieder aufzu­nehmen.[...]

"Le pain amer de l’exil". L’émigration des Allemands révolutionnaires (1848-1850) vers les Etats-Unis

Marianne Walle

Avant 1848, en Allemagne comme en France, ce sont des paysans, des journaliers, des ouvriers fuyant la misère rurale et urbaine qui émigrent ; les persécutions religieuses, les inégalités sociales sont d’autres raisons pour traverser l’Atlantique. L’Eglise devient le refuge de l’ethnicité des émigrés. Les Etats-Unis sont également une terre d’exil idéale pour les personnes dont un gouvernement veut se débarrasser, comme l’économiste Friedrich List. Des associations de musique, de gymnastique, des chorales se créent rapidement et deviennent les premiers vecteurs d’une expression politique. En 1848, les Etats-Unis sont les seuls à manifester de la sympathie pour les révolutions en Europe. Les bagages des exilés politiques (die Hochdeutschen) sont remplis de valeurs et d’idéaux européens : ils sont médecins, juristes, pasteurs, professeurs et en 1860, le nombre d’Allemands aux USA s’élève à 5 millions. La mentalité affairiste ne les intéresse que par la nécessité de survivre à un quotidien difficile. Ils n’attendent qu’une chose : retrouver leur véritable arène de lutte en Europe. Leur impact sur les relations des Etats-Unis avec l’Europe inquiète la Prusse et l’Autriche qui craignent même une intervention armée aux côtés des démocrates européens. Malgré leurs défauts et leurs faiblesses, les « quarante-huitards » se sont révélés être un facteur inestimable de progrès culturel, économique et social. Pendant la guerre de Sécession, d’anciens officiers prussiens (Peter Josef Osterhaus, Fritz Anneke, Franz Sigel et d’autres) s’engagent dans l’armée nordiste et accèdent rapidement aux grades militaires les plus élevés : leur sens de l’organisation, de la stratégie militaire sont des plus efficaces. « Le sang allemand a abondamment imprégné les champs de bataille ».

Vor 1848 sind soziale Ungleichheit und religiöse Verfolgung oft Gründe, von Deutsch­land und Frankreich aus den Atlantik zu überqueren. Bauern, Tagelöhner, Arbeiter flüchten vor der ländlichen und städtischen Armut in die Emigration. Die Vereinigten Staaten sind ein ideales Exil für Personen, derer bestimmte Regierungen sich entledigen wollen, wie etwa den Wirtschaftswissenschaftler Friedrich List. Rasch entstehen Chöre, Musik- und Gymnastikvereine und werden zu Vektoren politischen Ausdrucks. 1848 zeigen die USA als Einzige Sympathie für die Revolutionen in Europa. Das Gepäck der politischen Verbannten (der Hochdeutschen) ist voll europäischer Werte und Ideale. 1860 sind 5 Millionen Deutsche in den USA: Ärzte, Juristen, Pfarrer, Professoren. Ge­schäftssinn zeigen sie nur aus der Notwendigkeit heraus, einen schwierigen Alltag zu überleben. Sie warten nur auf Eines: ihren eigentlichen Kampf in Europa wieder aufzu­nehmen. Preußen und Österreich sind beunruhigt über ihren Einfluss auf die Beziehun­gen zwischen den USA und Europa, sie fürchten gar eine bewaffnete Intervention an der Seite der europäischen Demokraten. Trotz ihrer Fehler und Schwächen haben sich die „Achtundvierziger“ als unschätzbarer Faktor von kulturellem, wirtschaftlichem und sozialem Fortschritt erwiesen. Während des Unabhängigkeitskrieges treten ehemalige preußische Offiziere (Peter Josef Osterhaus, Fritz Anneke, Franz Sigel und andere) der Armee der Nordstaaten bei und erlangen dank ihres effizienten Sinnes für Organisation und Strategie schnell höchste militärische Grade. „Deutsches Blut tränkte die Schlacht­felder im Überfluss.“

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« Le pain amer de l’exil » (Der Verbannung bittres Brot), l’expression est de Mathilde Franziska Anneke (1817-1884 à Milwaukee, Wisconsin) qui avait pris part aux combats en pays de Bade et au Palatinat, déguisée en officier, comme Emma Herwegh et Amalie Struve. Elles avaient rempli des tâches effectives comme agent de liaison et dans la logistique. Le traumatisme plus grand de la perte d’identité des Allemandes émigrées est trop souvent occulté, « car elles manquent de structures associatives et l’échec de la révolution – qui pour les hommes est une défaite principalement militaire – les affecte plus profondé­ment ».[1] J’ai essentiellement travaillé sur la correspondance entre les émigrés et leur famille restée en Europe, publiée dans différentes régions d’Allemagne depuis une vingtaine d’années.

L’émigration des Allemands avant 1848

La lecture de la correspondance des émigrés des années 1810-1820 nous frappe par le grand nombre d’expressions dialectales, de fautes de grammaire et d’orthographe, par l’immensité de l’effort que représente pour eux la rédaction d’une lettre : paysans et journaliers des régions pauvres de l’Eifel, du Sauerland, de la Rhénanie fuyant la misère rurale, ouvriers tentant d’échapper aux conditions de travail excessivement dures des débuts de l’industrialisation, les inégalités politiques, les persécutions religieuses, autant de raisons pour échapper à une détresse durable. Nous retrouvons le même phénomène en France, dans l’Orne, la Champagne pouilleuse, les Ardennes… Le contenu de ces lettres décrit un quoti­dien certes épuisant, mais la terre est bonne, les chances de réussite sont effectives pour celui qui n’a pas peur de travailler ; on y parle du prix du blé et des denrées alimentaires indispensables, de la sécurité, de la tolérance bien plus grandes, de l’absence de privilèges.[2] Les émigrants se fixent dans l’Ohio, le Kentucky, l’Ouest du Maryland, le Missouri, des régions où les terres sont fertiles. « No German settles on a bad soil »[3] (Un Allemand ne se fixe jamais sur une terre ingrate), un grand nombre s’établit en Pennsylvanie, où, entre 1830 et 1840, on trouve plus de 30 journaux (hebdomadaires) allemands très bon marché rédigés, comme les lettres, dans un style barbare (ebenfalls in einem barbarischen Stil geschrieben), aussi épouvantable (schreckhaft) que la langue orale. A Philadelphie les Alle­mands sont au nombre de 38 000 (sur 200 000 habitants)[4], ils créent des associa­tions, des écoles, l’intégration à long terme est leur objectif essentiel et leur leit­motiv « Wir verlangen nicht mehr nach Deutschland » (Nous ne voulons plus rentrer en Allemagne).[5]

Entre 1830 et 1840, plus de 100 000 Allemands émigrent aux Etats-Unis, entre 1815 et 1914, ce sont environ 5,5 millions d’Allemands et d’Autrichiens, mais étant donné le particularisme politique, on ne peut accéder qu’à des statisti­ques locales, régionales, suprarégionales – les études sur l’émigration sont relati­vement récentes et de plus en plus nombreuses. Les émigrants du Nord-Ouest de l’Allemagne se fixent dans l’Ohio, le Wisconsin, le Missouri et représentent, entre 1830 et 1850, 51 % de la population soit 111 257 personnes[6] : 20,8 % de paysans, 14,6 % d’artisans, 1,2 % de diplômés de l’université. Le refuge de leur ethnicité, leur véritable maison, c’est l’Eglise. Les livres de prière, la Bible, les almanachs, les histoires de brigands alimentent leurs veillées. Par rapport aux émigrants des autres pays d’Europe, on constate une approche très méthodique de leur nouvel environnement : les luthériens ne veulent pas être contaminés par d’autres dog­mes, les catholiques refusent d’assister à une messe célébrée par un prêtre irlan­dais.[7] Le sentiment de cohésion nationale leur fait défaut, ils se proclament Bava­rois, Saxons, Wurtembergeois, Badois[8] avant de se dire Allemands.

Les Etats-Unis sont une terre idéale pour les personnes dont un gouvernement veut se débarrasser : l’économiste Friedrich List, incarcéré à la forteresse d’Asperg pour avoir sévèrement critiqué l’administration du Wurtemberg doit sa libération à la promesse de quitter le pays pour les Etats-Unis, en 1825. Il s’établit en Pennsylvanie, y découvre un filon de charbon qu’il exploite avec les propriétai­res de la région, écrit un ouvrage d’économie politique capital, polémique avec Adam Smith et crée un réseau de chemins de fer de première importance à travers cet Etat. En 1832, il revient en Allemagne, à Leipzig, pour s’atteler à la même tâche : l’amélioration du système des transports. Les premiers émigrants des classes moyennes n’arrivent qu’après les agita­tions révolutionnaires de 1830 ainsi que les premiers politiques dont beaucoup se fixent à Milwaukee, Cincinnati et Saint-Louis et on perçoit l’éveil d’une mentalité plus unitaire. Des associations de musique, des chorales, des associations de gymnastique sur le modèle des Turnve­reine de Friedrich Jahn voient le jour ; ces associations et notamment les Turnve­reine sont les premiers vecteurs d’une expression politique ; Des ouvrages plus littéraires (y compris de Goethe et de Schiller), et d’autres traitant de problèmes médicaux et d’agriculture sont sur le marché et l’arrivée des réfugiés politiques de l’espace germanophone européen va considérablement renforcer ce sentiment d’unité.

« Die Hochdeutschen », les exilés politiques 1848-1852

On peut se demander pourquoi les Allemands choisissent de traverser l’Océan, un éloignement spatial considérable de leur patrie, mais les Etats-Unis sont les seuls à manifester de la sympathie pour les révolutions européennes, les seuls à reconnaître le Parlement de Francfort, le pouvoir central, même si par la suite l’attitude des autorités devient plus distante, plus critique. Les pays voisins ne sont pas sûrs : la Suisse, peu accueillante, voit partir avec soulagement ceux qui espéraient y trouver un soutien matériel et moral[9], seule la ville de Zurich est plus tolérante ; la Belgique n’est guère plus hospitalière. Le comité des réfugiés, créé à Strasbourg, est rapidement dissous, les réfugiés politiques sont internés dans des départements français situés très loin de l’Allemagne et des mesures sévères d’expulsion sont ordonnées par Louis-Napoléon.[10] Le 14 septembre 1849, Friedrich Hecker, membre du Parlement provisoire (Vorparlament), d’abord réfugié en Suisse, arrive à New-York avec sa femme et ses trois enfants. L’écrivain Gustav von Struve, les officiers Carl Schurz, Franz Sigel, Ludwig Blenker et d’autres, qui avaient commandé des troupes révolutionnaires, sont tous accueillis avec beaucoup d’intérêt et de sympathie ainsi que leurs familles. En un seul mois, plus de 8 000 Allemands venant de Brême et du Havre sont arrivés dans plusieurs ports américains : « (…) pauvre pays qui ne peut proposer à ses fils et à ses filles que l’émigration (…) ».[11] Friedrich Hecker, écoeuré par la résigna­tion de ses compatriotes au lendemain de l’échec de la révolution, ne voit plus d’autre issue que l’exil, tout comme Julius Fröbel, homme politique et journaliste, député au Parlement de Francfort. Accueillis comme les autres émigrants, sans méfiance ni surveillance particulière au départ, ils sont aidés et soutenus maté­riellement et moralement par les Allemands déjà installés depuis longtemps. Les réfugiés politiques arrivent jusqu’au milieu des années 1850, le gouvernement de Bade, puis celui de Prusse incitent les prisonniers politiques bénéficiant d’une amnistie partielle à quitter l’Allemagne. En Bavière également, un compagnon verrier de Teisendorf est gracié à condition de partir aux Etats-Unis avec l’aide d’un agent d’émigration. Ces agents, actifs dans toute l’Allemagne dès 1840, sont accrédités auprès des autorités et, à partir de 1849, les courtiers maritimes et les armateurs sont dans l’obligation d’acheter une concession auprès des responsables des Affaires intérieures de chaque Etat.[12] L’Autriche, au contraire, préfère pronon­cer des peines très lourdes jusqu’en 1855, y compris des condamnations à mort à Vienne, où l’état d’exception persiste jusqu’en 1853.[13] On parle de plus de 80 000 Badois obligés de quitter leur pays dans les années 1850[14] ; en 1860, le nombre d’Allemands exilés aux USA s’élève à 5 millions. En Allemagne, l’intolérance politique, écrit Gustav von Struve, a remplacé l’intolérance religieuse d’autrefois.

Ils parlent un excellent allemand, la plupart des quarante-huitards ; à défaut de biens matériels, leurs bagages sont remplis de valeurs et d’idéaux européens. Ils sont médecins, juristes, pasteurs, professeurs de lycée et d’université, écrivains. Par leur engagement pour les libertés et l’unité nationale, ils ont réussi à sauver leur idéalisme, mais dans le pays d’accueil les connaissances théoriques comptent peu, le pragmatisme des Américains, surtout leur manque d’intérêt pour les études les déroute : la philosophie, ils la laissent aux pasteurs, la poésie aux femmes. L’ambiguïté de leur situation est double : ils essayent de compenser la précarité de leur situation matérielle et leur manque d’adaptation pratique par leur instruction et tout en considérant leur statut comme provisoire, ils veulent imposer leurs valeurs qu’ils estiment les seules vraies. Les Allemands déjà installés depuis longtemps les accueillent, notamment à New-York, où s’était établie une commu­nauté importante, « little Germany », les hébergent provisoirement, les aident à trouver un emploi. La solidarité est interconfessionnelle.

Les quarante-huitards n’hésitent pas à retrousser leurs manches et à se lancer dans un travail nouveau pour eux, comme le montre le parcours de Peter Josef Osterhaus, l’un des chefs révolutionnaires, chargé de la défense de Mannheim, en juin 1849. En 1845, à Coblence, il avait intégré l’armée comme lieutenant de réserve, fonction qu’il avait abandonnée au bout de six mois pour partir à Mannheim où il créa une société de transports de produits chocolatiers avec Carl Nestler (ce dernier devint plus tard bourgmestre de Mannheim). Arrivé avec sa femme et sa petite fille à Belleville (Illinois) en automne 1849, il reste quelque temps avec Gustav Körner et Friedrich Hecker dans la ferme de ce dernier. En janvier 1850, il ouvre une droguerie dans la rue principale de Belleville et selon un journal local, « l’assortiment de ses produits est d’excellente qualité, ses prix sont raisonnables, ce qui lui fait gagner rapidement l’estime du public ».[15] En 1852, il s’établit à Lebanon, une ville voisine, et y installe une distillerie. Nommé receveur des postes, il perd ses fonctions en 1857, parce qu’il n’est pas dans le « bon » parti politique qui vient de remporter les élections. Une faillite bancaire lui fait perdre sa distillerie. En septembre 1860, il déménage avec sa famille à Saint-Louis, où il obtient un poste de comptable dans une société de quincaillerie.

Cependant, un fossé se creuse assez rapidement entre les « gris » (die Grauen), assimilés, intégrés et les nouveaux, les « verts » (die Grünen), sans doute appelés ainsi à cause de leur espoir de rentrer bientôt en Europe pour reprendre le flambeau révolutionnaire : « (…) Sie haben den Idealismus mit der Muttermilch aufgesogen (...) » (ils ont bu l’idéalisme avec le lait maternel), peut-on lire dans un mémoire de 1855.[16] L’adaptation est difficile, car ils se considèrent « comme des auditeurs libres à l’école de la vie du pays d’accueil, et n’attendaient qu’une seule chose : retrouver la véritable arène de leurs aspirations en Europe ».[17] La mentalité affairiste dominée par l’adage « to make money » ne les intéresse que par la nécessité de survivre à un quotidien difficile. Fritz Anneke, ancien officier de l’armée prussienne, rayé des cadres en 1845 pour ses opinions libérales, pensait trouver aux Etats-Unis, en 1849, un poste de Survey Officer, mais comme les autres, il travaille à droite et à gauche : journaliste, bibliothécaire, ingénieur aux chemins de fer, puis il crée une école de natation, une association de gymnastique, mais n’arrive à prendre pied nulle part. Son travail de journaliste – sur les événe­ments révolutionnaires en Allemagne – ne lui rapporte rien, c’est sa femme qui fait vivre la famille : conférencière, journaliste littéraire, critique d’art, traductrice, elle parcourt les Etats de l’Est et divers journaux, dont le Wisconsin Banner, font l’éloge de son travail. En 1853, Fritz Anneke réussit à publier le Newarker Zeitung,le premier quotidien rédigé en langue allemande, d’ailleurs financé par sa femme. Alors que les « anciens » furent obligés de se forger petit à petit une respectabilité, un crédit en tant qu’individus, isolés, les quarante-huitards se considèrent comme faisant partie d’un grand peuple qui ne lutte pas seulement pour constituer une nation, mais pour les valeurs les plus nobles de l’humanité. « Die ältere deutsche Bevölkerung : ihr fehlte es an einem nationalen Rückhalt » (La population allemande plus ancienne n’avait aucun soutien national) écrit Gustav Körner.[18] Car pour la première fois on entend parler d’un Parlement alle­mand, d’un gouvernement central, d’un drapeau national protégeant une flotte marchande ; auparavant jamais il n’avait été question d’un envoyé allemand à Washington protégeant les intérêts des immigrés.

L’impact des exilés politiques sur les relations des Etats-Unis avec l’Europe

Le militant démocrate allemand Gottfried Kinkel, le révolutionnaire hongrois Lajos Kossuth, le Tchèque Frantisek Palacky, président du Congrès panslaviste de Prague (contrepartie du Parlement de Francfort)[19] et bien d’autres, journalistes, universitaires, parcourent les Etats de l’Est pour mieux expliquer leurs objectifs politiques et pour tenter de réunir des fonds parmi les compatriotes installés dans le Nouveau Monde afin de poursuivre la lutte en Allemagne, où les partis conser­vateurs considèrent que les Etats-Unis mériteraient une bonne fessée[20], car ces « tournées de propagande » inquiètent les autorités allemandes et autrichiennes ; leurs ambassadeurs à Washington s’adressent au ministre des Affaires étrangères William E. Marcy ainsi qu’au ministre de la Justice Cushing et leur demandent le renvoi des « politiques trop virulents », ce que ces derniers refusent. Le courrier en provenance des Etats-Unis est étroitement surveillé, souvent ouvert, de même que celui qui quitte l’Allemagne. Les consuls à New-York s’adressent régulière­ment au chef de la police pour une surveillance plus rigoureuse des exilés : il leur est répondu que l’unique préoccupation des nouveaux arrivants est la survie maté­rielle qui leur laisse peu de temps pour l’agitation politique.[21] La Prusse et l’Autriche craignent une influence néfaste sur la politique étrangère des Etats-Unis, un durcissement des relations vis-à-vis de l’Europe et même, un risque d’intervention des Etats-Unis aux côtés des démocrates européens ce que souhaite l’Italien Giuseppe Mazzini. Dans une lettre à sa femme, Gottfried Kinkel, qui se veut « l’envoyé de la future république allemande »[22] lui fait part de son entrevue avec le président des Etats-Unis, Millard Fillmore, ce qui, aux yeux des Améri­cains n’a rien d’extraordinaire. Le président des Etats-Unis reçoit souvent des patriotes étrangers pour des entretiens sur la situation politique et économique de leur pays respectif. Kinkel demande à sa femme de le faire savoir en Allemagne ainsi que la réception de Lajos Kossuth, « the Nation’s Guest », par le Congrès et par le président. Mais les Américains n’ont aucune raison d’intervenir en Europe, les marques de sympathie à l’égard des représentants des libertés démocratiques et la compréhension de leurs objectifs n’ont aucune répercussion sur les relations entre les deux continents.

Kinkel échoue dans sa tentative de réunir des fonds parmi les compatriotes installés aux Etats-Unis pour continuer la lutte en Allemagne. Le Wisconsin Banner du 23 juin 1851 reproduit un appel déjà publié à Londres le 4 juin de la même année : « Aufruf an die Deutschen in Amerika zur Betheiligung an dem Deutschen Nationalanleihen für die nächste Revolution » (Appel aux Allemands d’Amérique pour souscrire à l’emprunt national allemand pour la prochaine révolution). Il reproche aux « anciens camarades » leurs objectifs purement maté­rialistes et leur indifférence aux combats pour la liberté.[23] Mais à l’instar des Américains d’origine allemande, les exilés politiques sont eux-mêmes de plus en plus divisés sur l’avenir de l’Allemagne. Pourtant les exilés ont une influence positive sur la population des Etats dans lesquels ils se sont fixés provisoirement.

Les répercussions du discours des quarante-huitards sur l’opinion américaine

Même si au début des années 1850 ils se sont fait traiter de Weltverbesserer (ceux qui veulent rendre le monde meilleur) parce que la réalité politique, sociale et religieuse était loin de correspondre à l’image un peu trop belle qu’ils s’étaient faite de leur pays d’accueil, ils ont « fait bouger les choses ». L’un d’entre eux parle des années 1850 comme d’une époque mouvementée, novatrice, à l’instar de la révolution littéraire du Sturm und Drang en Allemagne : « (...) malgré leurs défauts et leurs faiblesses ils se sont révélés être un facteur inestimable de progrès pour l’Amérique (...). Il serait souhaitable pour ce pays et surtout pour la germa­nité que de temps à autres paraisse une nouvelle édition de ces Weltverbesserer ne serait-ce que pour jouer le rôle de trouble-fête ».[24] Les tensions les plus vives sont culturelles (imposer la culture allemande estimée supérieure), religieuses (attaques contre le catholicisme alors que les protestants sont ménagés) et sociales (le refus de toute américanisation). Le bien le plus précieux : leur idéalisme, la valeur la plus noble de l’humanité. Malgré les conditions matérielles rencontrées (le savoir théorique, les connaissances littéraires ne trouvent guère preneur) ils tiennent bon, enseignent l’allemand dans des écoles laïques et confessionnelles, écrivent des articles pour des journaux allemands, Allgemeine Zeitung (Augsburg), Kölnische Zeitung, Weser Zeitung, Leipziger Allgemeine Zeitung, des associations d’exilés arrivent même à soutenir financièrement un journal des émigrés qui paraît à Rudolstadt, le Allgemeine Auswanderungszeitung. Milwaukee, l’Athènes alle­mande, est la ville américaine qui attire le plus grand nombre d’exilés politiques : jusqu’au tournant du siècle, un tiers de la population est allemande. C’est une ville où la connaissance de l’allemand est indispensable pour les commerçants et les professions libérales : des brasseries se construisent partout, des fabriques de chaussures, des usines métallurgiques, de construction de voitures… Le com­merce des bijoux est entre les mains des Allemands. C’est la seule ville où les Américains tentent d’apprendre l’allemand, de se familiariser avec les coutumes étrangères. Milwaukee est un centre de musique et de théâtre allemands[25], des chorales, des cercles littéraires se constituent, des cercles où l’on discute de pers­pectives politiques et professionnelles. Là comme ailleurs, celles qui souffrent le plus de ce manque de perspectives, ce sont les épouses, parce que les hommes comptent sur elles pour arranger les problèmes familiaux et le quotidien. En 1858, les Anneke déménagent à Milwaukee et Fritz Anneke part un an plus tard pour l’Europe comme correspondant de guerre pour divers journaux américains (le Wisconsin Banner, le Milwaukee Herold, le Volkszeitung …). Etabli à Zurich, il rédige des articles sur les combats pour la liberté et l’indépendance en Italie. D’ailleurs, certains de ses amis quarante-huitards, comme Wilhelm Rüstow, rejoi­gnent Garibaldi pour se battre à ses côtés.

La guerre de Sécession

A l’approche de la guerre, les autorités militaires demandent à Peter Josef Osterhaus d’entraîner un corps de réservistes volontaires, parmi lesquels se trouvent les vingt étudiants en médecine du Dr. Hammer, lui aussi un ancien révolutionnaire. En avril 1861, Osterhaus s’engage dans l’armée. Dans un mémoire d’une trentaine de pages[26], rédigé en 1897, il raconte la guerre telle qu’il l’a vécue : les mouvements des troupes en présence, les préparatifs, le déroulement des batailles, les avancées, les difficultés du quotidien. Toujours très proche de ses hommes dont il apprécie l’esprit de discipline, sous le commandement d’un autre Allemand, le général Franz Sigel, il est nommé capitaine dans le 2è régiment d’infanterie du Missouri. En 1862, Franz Sigel prend le commandement d’un corps d’armée sur le Potomac et c’est Osterhaus qui le remplace à la tête de la division. Peu après, il est nommé général de brigade. Au début de l’année 1863, il est appelé à commander la 9è division du 13è corps d’armée, toujours sous le haut commandement des généraux Grant et Sherman qui proposent sa nomination comme général de division en juillet 1864. Voici ce qu’on peut lire dans un rapport du général Sherman : « j’ai engagé l’une de mes meilleures divisions – celle d’Osterhaus – avec le général Hooker contre Lookout Mountain. Cette division n’a pas encore fait la jonction avec les miennes, mais je sais, je sens qu’elle a bien servi sa patrie et que l’honneur rejaillit sur le 15è corps d’armée et sur toute l’armée de l’Etat du Tennessee (…) ».[27]

A l’instar de beaucoup d’autres familles d’exilés, les Anneke sont des répu­blicains convaincus et participent activement à la lutte pour l’abolition de l’esclavage. Fritz Anneke revient aux Etats-Unis et prend, en 1861, le comman­dement d’un régiment allemand du Wisconsin avec le grade de colonel. Certains journaux allemands (le Allgemeine Augsburger Zeitung, le Kölnische Zeitung) et suisses (le Zürcher Zeitung) donnent des nouvelles régulières de l’engagement des Allemands aux côtés des Américains. De son côté, Mathilde Franziska Anneke, revenue en Suisse, envoie une série d’articles intitulés « Allgemeine Transatlan­tische Korrespondenz für Amerika » aux journaux de langue allemande publiés aux Etats-Unis sur la situation politique des grands pays d’Europe.

Certes, un grand nombre d’émigrés s’engage pour défendre les valeurs et les revendications républicaines, mais l’attrait financier est loin d’être négligeable ; on imprime même un règlement militaire en langue allemande.

Les officiers allemands ont tous des grades élevés dans l’armée nordiste : leur sens de l’organisation, de la stratégie sont très efficaces, mais certains se plaignent de l’indiscipline qui règne dans le camp des soldats, ce qui corrobore le témoi­gnage du général prussien Wilhelm von Steuben, émigré aux Etats-Unis près d’un siècle plus tôt, en 1777 : « (...) il était très difficile de transformer une masse désordonnée en un ensemble cohérent et d’habituer les soldats à une obéissance et une discipline strictes. »[28] Fritz Anneke qui prend le commandement de tous les régiments d’artillerie de l’Indiana, se plaint également d’un certain manque de discipline alors qu’Osterhaus, obligé de quitter le 13ème corps d’armée pour prendre le commandement du 15è exprime sa tristesse de quitter ses soldats avec lesquels il a partagé des épreuves difficiles : « (…) les hommes de troupe méritent de grands éloges pour leur persévérance, leur fiabilité, leur discipline. Dans des circonstances souvent pénibles, ils firent pleinement leur devoir et supportèrent les rigueurs des campements, des longues marches, se comportèrent en bons soldats et en bons patriotes devant l’ennemi (…) ».[29] Dans les Etats du Nord, plus de 186 000 citoyens d’origine allemande se battent pour leur nouvelle patrie : « (…) le sang allemand a abondamment imprégné tous les champs de bataille d’Amérique » dira le général de brigade Carl Schurz.[30] Dans la bataille de Pea Ridge (Arkansas), les 7 et 8 mars 1862, on compte 5 000 Allemands sur les 10 000 soldats engagés sous le commandement de Franz Sigel qui remporte la vic­toire sur les armées sudistes, pourtant très supérieures en nombre.[31] Certains offi­ciers allemands se plaignent de l’état de corruption qui règne dans certaines divi­sions, de l’incapacité notoire de responsables militaires américains d’élaborer un plan tactique, de diriger une armée sur le théâtre des opérations, de leurs intri­gues pour écarter tout étranger d’un poste de commandement. Pour Fritz Anneke la plupart de ses hommes « (...) ne sont guère civilisés, des filous, des hypocrites » (spitzbübische, heuchlerische Halbbarbaren).[32] Ses réactions, sans doute trop impulsives, maladroites, son refus de cautionner les mensonges lui valent les arrêts de rigueur, la libération et la réhabilitation au bout d’un an, grâce à des appuis influents et à l’énergie de sa femme qui, de Suisse, fournit à des journaux allemands des reportages sur la guerre de Sécession et à la presse américaine des correspondances sur l’actualité européenne. Elle leur communique également toutes les critiques sur l’état de l’armée américaine. Fritz Anneke ne se remettra jamais des calomnies subies. Franz Sigel, après avoir mené les troupes du premier corps d’armée en Virginie à la victoire, eut à subir des vexations similaires, quitta l’armée, reprit du service en 1864. Après la guerre, il prend la direction du journal Baltimore Wecker, puis devient fonctionnaire de la ville de New-York. Gustav von Struve part dès 1863 comme consul des Etats-Unis en Thuringe. Quant à Peter Josef Osterhaus, il est resté, en charge du district militaire de l’armée du Sud jusqu’en février 1866, puis il retourne à Saint-Louis et reprend la vie civile. En 1876, il retourne en Europe d’abord en France, comme consul des Etats-Unis à Lyon, puis en Allemagne, comme vice-consul à Duisburg, où il habitera jusqu’à sa mort, en 1917. La plupart des autres responsables militaires allemands restent dans leur patrie d’adoption. C’est le général Carl Schurz qui occupera la situation politique la plus élevée : élu sénateur en 1869, il deviendra ministre de l’Intérieur de 1877 à 1881 sous le mandat présidentiel de Rutherford Hayes.

Etre la femme d’un exilé politique

L’année 1848, l’année du « printemps des peuples » fut pour Louise Otto, Malwida von Meysenbug, Mathilde Franziska Anneke et d’autres une période d’intense activité journalistique. Les idéaux sociaux et culturels sont pour elles indissociablement liés aux idéaux patriotiques de l’unité de l’Allemagne : il s’agit d’informer, d’éduquer, d’instruire les femmes pour leur faire prendre conscience de leur appartenance à une même communauté nationale. Mais pour le pouvoir, elles constituent un réel danger, les sanctions infligées (poursuites policières, fouilles, interdiction de séjour) en sont la preuve. Dénigrées socialement et mora­lement, expulsées, leurs Mémoires expriment leur amertume, leur désarroi : « Adieu, pauvre patrie (…) adieu, terre allemande, adieu, mon pauvre Mutterland malheureux ».[33] La perte de la patrie, de la terre, du « pays-mère » (Mutterland) est un véritable « déchirement » (Zerrissenheit), affectif, linguistique, culturel. Ce sont les épouses qui souffrent le plus du manque de perspectives d’avenir dans une terre lointaine, les hommes comptent sur elles pour arranger les problèmes familiaux. Les débuts de l’exil sont caractérisés par un investissement intense dans le travail pour oublier, mais surtout pour assurer la survie. Elles doivent improviser selon leurs capacités et leurs fonctions antérieures : elles enseignent surtout la musique (comme Emma Herwegh et Johanna Kinkel qui est aussi com­positeur), les langues (l’allemand, bien sûr, mais aussi l’italien). Mathilde Franziska Anneke crée une école allemande à Newark, en 1856, puis un collège de jeunes filles à Milwaukee en 1865[34] (« Milwaukee Töchter Institut » ou « German English Academy ») dont la renommée se répand rapidement dans les environs. Elle dirigera cet Institut pendant dix-huit ans avec des méthodes nou­velles basées essentiellement sur la réflexion, la prise en compte de l’opinion individuelle. Informée directement par son mari ainsi que par d’autres militaires, elle continue d’écrire pour des journaux allemands des reportages sur l’après- guerre américain et à la presse américaine des correspondances sur l’actualité européenne.[35] Elle se veut médiatrice entre les Américains et l’importante communauté allemande de Milwaukee, critique l’esprit « philistin » de certains Alle­mands dont elle réprouve la mentalité colonialiste, mais reste profondément atta­chée à son pays : « Ich kann aus meinem Urdeutsch nicht heraus » (Je ne peux pas sortir de ma germanité) écrit-elle[36] en écho à Friedrich Kapp dans une lettre à son père du 24 janvier 1955 : « Notre patrie, c’est l’Europe, c’est-à-dire l’Allemagne et c’est mentir que de croire qu’on peut fonder une deuxième patrie ».[37]



[1] Franchéo, Marianne, Les Allemandes révolutionnaires émigrées après 1848/1849, dans Hoock-Demarle, Marie-Claire (sous la dir.de), Femmes, Nations, Europe (Les Cahiers du CEDREF), Paris, 1995, p. 127-136.

[2] Lettre de John Quincy Adams à Fürstenwärther du 4 juin 1819, dans Pommerin, Reiner ; Fröhlich, Michaël, Quellen zu den deutsch-amerikanischen Beziehungen 1776-1917, Darmstadt, 1996, p. 52.

[3] Ibid., p. 62, extrait d’un article du Deutsche Vierteljahres-Schrift, 1839.

[4] Lettre de John Quincy Adams à Fürstenwärther du 4 juin 1819, dans Pommerin; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerikanischen Beziehungen, p. 62, extrait d’un article du Deutsche Vierteljahres-Schrift, 1839.

[5] Lettre de Nikolaus Frett (Chicago) à son ami Marhöffer à Virneburg du 30 août 1841. C’est également le titre de l’ouvrage réunissant des lettres d’émigrants de la collection Joseph Scheben (1825-1938), dans Masha, Jürgen ; Nikolay-Panter, Marlene ; Herborn, Wolfgang (sous la dir. de), Wir verlangen nicht mehr nach Deutschland, Sprachgeschichte des Deutschen in Nordamerika, t. 2, Frankfurt am Main, 2003. La lettre citée se trouve p. 90.

[6] Aengenvoort, Anne, Migration, Siedlungsbildung, Akkulturation (VSWG Beihefte 150), Stuttgart, 1999, p. 41.

[7] Qualey, Carlton C., Immigration to the USA since 1815, dans Les migrations internationales de la fin du dix-huitième siècle à nos jours, Paris, CNRS, 1980, p. 41.

[8] Ibid.

[9] Parmi les 550 membres de l’association de gymnastique de Hanau qui avaient participé aux dernières insurrections en pays de Bade, 15 partirent pour la Suisse, 48 aux Etats-Unis, dans Reiter, Herbert, Politisches Asyl im 19. Jahrhundert, (Historische Forschungen, t. 47), Berlin, 1992, p. 166.

[10] Ibid., p. 167.

[11] « Dem Reich der Freiheit werb’ ich Bürgerinnen ». Die Frauen-Zeitung von Louise Otto, dans Gerhard, Ute ; Hannover-Drück, Elisabeth ; Schmitter, Romina (sous la dir. de), Frankfurt am Main, 1980, p. 162.

[12] Hamm, Margot ; Henker, Michael ; Brockhoff, Evamaria (sous la dir.de), Good Bye Bayern, Grüss Gott America, Augsburg, 2004, p. 30 et 45.

[13] Reiter, Politisches Asyl, p. 333.

[14] Real, Willi, Die Revolution in Baden, Stuttgart, 1983, p. 175.

[15] Lettre de Mary B. Townsend à l’auteur, du 25 mars 2005. Mary B. Townsend est l’arrière-arrière-petite-fille de Peter Josef Osterhaus et vit aux Etats-Unis, en Californie du Sud.

[16] Lindemann, Hermann, Die europäisch-amerikanischen Ideen in der deutschen Einwanderung, cité par Pommerin ; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerikanischen Beziehungen, p. 83-84.

[17] « Sie haben in der Schule des hiesigen Lebens gleichsam nur hospitiert, um später wieder die eigentliche Arena ihres Strebens in Europa aufzusuchen », Mémoires de Heinzen, Karl, Die Deutschen und die Amerikaner (1860), dans Deutsch-Amerikanische Geschichtsblätter (DAG) 15, 1915, cité par Pommerin ; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerikanischen Be­ziehungen , p. 88-89.

[18] Mémoires de Körner, Gustav, Das deutsche Element in den Vereinigten Staaten von Nordame­rika, 1818-1848, cité par Pommerin ; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerikani­schen Beziehungen, p. 106.

[19] Palacky avait refusé l’invitation au Parlement de Francfort : « Je ne suis pas Allemand (...) je suis Tchèque, d’origine slave et le peu que je vaux est tout entier au service de ma nation. » Il va s’opposer à la fusion de l’Autriche dans une grande Allemagne unifiée. Dans Morava, Georg J. ; Palacky, Franz, Eine frühe Vision von Mitteleuropa, Wien,1990, p. 78.

[20] « Die Vereinigten Staaten sind für die konservativen Parteien Deutschlands die Prügeljungen, denen man eine Extra-Tracht gönnt », Mémoires de Friedrich Kapp, dans Pommerin ; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerikanischen Beziehungen, p. 99.

[21] Reiter, Politisches Asyl, p. 287-291.

[22] Ibid., p. 295, Lettre de Gottfried à Johanna Kinkel du 6 octobre 1851.

[23] Reiter, Politisches Asyl, p. 310, note 256.

[24] Autobiographie de Mueller, Jacob, Aus den Erinnerungen eines Achtundvierzigers. Skizze aus der deutsch-amerikanischen Sturm und Drang Periode der fünfziger Jahre, dans Pommerin ; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerikanischen Beziehungen, p. 115-116.

[25] Wagner, Maria, Mathilde Franziska Anneke in Selbstzeugnissen und Dokumenten, Frankfurt am Main, Fischer TB, 1980, p. 422.

[26] Osterhaus, Peter Josef, What I saw of the war, Archives personnelles de M. B. Townsend, aimablement transmises à l’auteur.

[27] Sherman, W. T., Memoirs, p. 399, cité par Osterhaus, What I saw of the war, p. 14.

[28] « Es war keine leichte Aufgabe für ihn, die unordentlichen Haufen in ein Ganzes zu bringen, die Soldaten an pünktlichen Gehorsam und Disziplin zu gewöhnen (...) », Kapp, Friedrich, General von Steuben, dans Pommerin ; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerikanischen Be­ziehungen, p. 74.

[29] Osterhaus, What I saw of the war, p. 10.

[30] « (...) kein amerikanisches Schlachtfeld, das nicht reichlich, überreichlich mit deutschem Blut getränkt ist (...) », extrait du discours de Carl Schurz à l’occasion de la « Journée allemande », à New-York, le 4 octobre 1891, dans Pommerin ; Fröhlich, Quellen zu den deutsch-amerika­nischen Be­ziehungen, p. 109.

[31] Hamm ; Henker ; Brockhoff, Bayern, p. 184.

[32] Lettre de Edmund Märklin à Mathilde Franziska Anneke du 10 janvier 1863, écrite à Camp Washburn près de Milwaukee, dans Wagner, Mathilde Franziska Anneke, p. 172-173.

[33] Anneke, Mathilde Franziska, Memoiren einer Frau aus dem badisch-pfälzischen Feldzuge, Newark, 1853, cité par Franchéo, Les Allemandes révolutionnaires émigrées après 1848/1849, p. 130.

[34] Ibid., p. 132, note 24.

[35] Franchéo, Les Allemandes révolutionnaires émigrées après 1848/1849, p. 135, note 31.

[36] Wagner, Mathilde Franziska Anneke, p. 216.

[37] Reiter, Politisches Asyl, p. 339.

Für das Themenportal verfasst von

Marianne Walle

( 2007 )
Zitation
Marianne Walle, "Le pain amer de l'exil". L'émigration des Allemands révolutionnaires (1848-1850) vers les Etats-Unis, in: Themenportal Europäische Geschichte, 2007, <www.europa.clio-online.de/essay/id/fdae-1397>.
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